
ous sommes allés voir le film de Paolo Sorrentino, La Granda Bellezza, avec beaucoup d’enthousiasme et… une certaine faim. Il était difficile de passer devant le comptoir à popcorn sans craquer mais nous étions à New York. Et à New York, tu ne peux pas prendre un petit sachet, c’est forcément un gros, un très gros pot. Et puis, tout ce beurre, ce sel… Je ne devrais vraiment pas. Non. Non, non. Je suis passée outre, et je me suis installée sur mon fauteuil avec ce grand vide en moi.
La salle était déjà plongée dans le noir quand une vieille dame s’est assise derrière nous, en retard, en furie, avec ses sacs de courses, dans un raffut incroyable. Agaçante vieille dame.
Soudain j’ai senti cette pluie étrange. Des choses légères, gonflées, qui atterrissaient en douceur sur ma tête, mes épaules, une abondance de beurre, une bénédiction salée, qui rebondissait, roulait et tombait, et moi, oh ! réceptrice reconnaissante de ce cadeau des dieux, récupérant et mâchant tout ce que je pouvais.
Vous n’auriez pas dû vous excuser, oh, vieille dame. Mon vœu était exaucé, et il me restait assez de place pour des pâtes et du vin. »