
lors que je m’apprête à cheminer sur la via Vecchia Fiesolana qui rejoint Florence à travers les oliviers, je suis retenue par un chant de sirènes provenant d’une bâtisse austère.
Ce ne sont pas des sirènes, ce sont des bergères.
Ce ne sont pas des bergères, c’est le chœur de l’université d’Hacettepe d’Ankara, qui clôt sa tournée turco-gréco-italienne en Toscane.
Elles virevoltent le temps d’une dernière répétition, pouffent, rectifient leur maquillage au-dessus du lavabo des toilettes, gazouillent, réajustent leurs foulards, pianotent sur leur portable. Concert dans cinq minutes, ouvert à tous. Le public se fait attendre, arrive enfin (sept personnes au total), s’installe.
Les nymphettes se mettent en rang. La chef de chœur fait résonner le diapason à son oreille, et d’un geste suspend le temps. L’Ave Maria d’Alberti s’élève dans les airs. La beauté des voix me cloue sur place.
En face de moi, le portrait du pape François. Je jurerais qu’il me fait de l’œil.