
e port du Rosmeur à Douarnenez est le port de la sardine. Il y a un siècle, des centaines d’ouvrières, parfois âgées de 13 ans, passaient de 16 à 18 heures par jour à travailler dans les conserveries.
Me voilà dans ce quartier du Rosmeur : il n’y a plus d’ouvrières, mais toujours l’entrelacs de rues et venelles où elles habitaient. Je monte et descends dix fois chacune de ces ruelles, me perds dans des impasses, trouve des passages secrets et je me poste au sommet de la rue Boudoulec pour m’apercevoir que les quelques heures dont je disposais étaient passées. On m’attend ailleurs. Tant pis, je dessine tout de même, et sans me presser comme il se doit.
Je ramène un dessin pas fini, comme souvent, mais ce coup-ci je pense à le scanner : on peut le voir ici à gauche. Je termine mon dessin, car j’aime à ce que tout soit bien lisible pour quiconque verra l’image. Et là je vais trop loin, c’est trop chargé, je dois gommer, refaire, et regommer. Des détails notés au départ se perdent, y compris dans ma mémoire. Je réussis néanmoins à conserver ces ombres très marquées, typiques de cette journée d’août, et à reconstituer ces deux gars, et leurs bières, et leur chien.
Au final ça me va, et puis c’est un bon aide-mémoire personnel. Ça marche mieux que cent photos. Mais tout ce qui pouvait être gracieux du premier jet a disparu. Si vous m’en croyez, pour être heureux, faites des dessins sur le motif, et si vous voulez être satisfait, finissez-les sur le motif.